Les championnats de France Masters se sont disputés sur le spot des Estagnots (Seignosse, Landes), ce samedi. Dans de petites vagues, les anciennes gloires du surf français ont démontré qu’ils en avaient encore sous la planche. Six titres nationaux ont été décernés dans une ambiance de franche camaraderie. Eric Graciet est le seul à conserver son trophée quant cinq nouveaux champions ont été sacrés.
C’était un pari lancé par le Lou Surfou, club organisateur, et la Fédération Française de Surf. Malgré des prévisions pessimistes, il avait été décidé d’organiser les France Masters ce week-end et non de les reporter comme certains le suggéraient. Avec une centaines d’inscrits, la tâche était délicate : aller jusqu’au terme des finales des six catégories avant la nuit de samedi. Dimanche étant désespérément calme.

Deux spots, deux podiums
Samedi, donc, les épreuves étaient lancées en milieu de matinée dans des vagues d’environ un mètre, avec deux sites de compétition fonctionnant en simultanée. Un spot avec une gauche sur le podium nord, une droite sur le spot au sud. Et qu’importe le flacon des vaguelettes, l’ivresse des retrouvailles a suffit à embellir cette journée ensoleillée.
Samedi, c’était vraiment les Estagnots à la mode rétro. Les Masters, la seule compétition où ce sont les enfants qui viennent supporter, faire des photos et filmer leurs parents !
Plus de lignes mais encore de belles courbes
Impossible de ne pas remonter le temps, des fois proche, des fois (très) lointain, en revoyant ces visages plus ou moins marqués par le soleil et les bienfaits de la vie. Chez les plus anciens, certains sont restés aussi affûtés qu’il y a 20-30 ans. Et si d’autres ont perdu leur ligne… ils n’en ont pas moins conservé pas leurs courbes sur les vagues. Un surf des années 70-80 toujours aussi beau à voir.
Une ambiance unique dans l’eau comme, et surtout, en dehors. A se raconter davantage de soirées mémorables dans les rues du vieux Bayonne et d’ailleurs, que de trip surf au bout du monde. Même si ces surfeurs-là ont vus plus de vagues et de barrels que n’importe quel jeune « pro » d’aujourd’hui. Parmi toutes ces générations qui ont marqué l’histoire du surf français, il y avait les méticuleux, venus avec trois planches et quatre combinaisons, s’étirant avant et après, chrono au poignet et wax pour eau printanière.
Un vrai melting pot
Il y avait aussi les babas cool façon seventies, avec le vieux truster sorti du garage, cherchant à se faire prêter un bloc de wax, et encore sur le parking alors que la série venait de débuter… Qu’ils soient docteur, avocat, chef d’entreprise, commerçant, commercial, branleur éternel … Qu’ils soient du pays Basque, des Landes, de Gironde, de Charente, de Vendée, de Bretagne et même des Antilles; Tout ce petit monde a vécu côte à côte, pendant 12 heures à deux pas de l’océan. Voilà la magie de cette compétition vraiment pas comme les autres.
Trois champions d’Europe à la porte
L’occasion aussi de revoir certains des grands noms du surf français comme : Pierre Agnès, boss de Quiksilver mais aussi capitaine de l’équipe de France en 1986; Yann Benetrix, monsieur sécurité du WCT français; Michel Plateau, le Directeur technique National; Michel Larronde, Philippe Chevallier, Eric Rougé, big wave riders devant l’éternel, … Sans oublier les nombreux présidents de clubs et certains élus et techniciens de la Fédération française.
Parmi les « légendes » du surf tricolore, certaines sont sorties plus tôt que prévu, comme les champions d’Europe du siècle dernier : Jean-Louis Poupinel, Olivier Nagouas ou Didier Piter. On ne pourra en imputer la faute au jury, puisque pour ces championnats sélectifs pour les Mondiaux Masters (eh oui, quand même), la Fédération avait dépêché Yannick Sarran, juge ASP du WCT, et le chef juge de l’ISA Thierry Vidal.
Les finales dans 50 cm sauce shore-break
C’est plutôt la houle capricieuse qui décida façon loterie. Ce n’était vraiment pas le Rip Curl Pro 1988 de légende, lequel s’était déroulé sur ce même spot dans des conditions magiques et dont tous les participants (ou presque) se souviennent forcément. Et ça l’était encore moins en fin de journée, après que le vent on-shore a baissé, comme la taille des vagues. Les finales se sont ainsi disputées dans un petit 50 cm au remontant, avec de longues accalmies. Difficile de dénicher une vraie vague dans ce qui était plutôt un shore break. Il n’empêche, ces Masters ont été réussite à tous points de vue et ont couronné six beaux vainqueurs. Vivement l’année prochaine. On est certain qu’il y a encore plein de « dossiers » qui attendent d’être déterrés !
Toutes les photos de cette journée / Antoine Justes-FFS
Lien de téléchargement Dropbox – https://www.dropbox.com/sh/eykmnin1j69u7qn/AABWXnDmIa-mPi74T91Q60iFa
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Le film des finales
Finale Grand Kahunas
Impérial du début à la fin de la compétition, Eric Graciet a logiquement conservé son titre national. Quatrième des championnats du monde ISA l’an dernier en Equateur (le meilleur résultat français), le Biarrot a dominé Paul Merceron et Eric Bisbau qui l’accompagnent sur le podium. Moins à l’aise dans cette petite taille, « l’Hawaïen » Michel Larronde est quatrième.
Finale Kahunas
Une série particulièrement tendue avec deux interférences sur la même vague où Darqué, Liets et Laharrague sont partis sur la même gauche. Finale que François Liets aurait dû remporter avec deux bons scores (7 et 6 pts) mais qui a causé une interférence à 3 minutes de la fin. Du coup, Bruno Laharrague (7 et 4,33 pts) s’empare d’un titre laissé vacant par Michel Plateau, éliminé au tour 2.
Finale Grand Masters
Xabi Lafitte met la barre très haut avec un 6 points d’entrée pour une belle gauche avec un flotter, un snap et un reentry final dans le shore break. Véritablement déchaîné, le Basque saute sur les meilleures vagues. Dynamique et efficace, il va s’imposer devant Olivier Salvaire jusqu’à ce que le Vendéen Régis Blanchard ne prenne coup sur coup deux dernières vagues, dont une ultime à 1’30 du coup de trompe notée 6,06 pour deux bons rollers de dos. Au final, le CTN, membre de l’équipe de France Masters l’an dernier en Équateur, s’impose de très peu (0,39 pt) devant Lafitte. Salvaire est troisième sans jamais avoir su trouver une vague correcte. Thierry Vidal ferme la marche avec un 5,50 pts qui démontre que le chef juge qu’il est, est aussi un bon surfer.
Finale Masters
Mis en route très lente car il n’y a quasiment plus aucune vagues à 18h45. Romain Farthouat se détache peu à peu en prenant la première vague potable après huit minutes (4 pts). Plus une seule ondulation à se mettre sous la planche. Anthony Guibert et Greg Salaun ne prennent ainsi qu’une vague en 20 minutes ! Farthouat a fait le job et remporte le titre devant le moniteur breton du WSA Daniel Billon.
Finale senior men
On a cru que le barrel casquette accroupie de Thomas Joncour allait faire la différence. Mais sur les petites droites très courtes, la vivacité et la technique de Romain Laulhé ont payé. Ses enchaînement floater-roller bien haut ont scoré. Sur la fin du heat, Laulhé trouve une dernière droite assez creuse sur laquelle il plaçait deux floaters très rapides, un beau snap et un reentry supersonique pour finir debout sur le sable, le titre dans la combi.
Finale ondines
Les trois seules filles de la compétition n’ont vraiment pas eu de chance. Dans les 20 minutes qui leur étaient imparties, elles n’ont eu que quelques vagues (8 surfées au total). Nathalie Grison s’impose d’une courte tête (0,73 pt) sur Laurence Cabillic grâce à un 3,83 pts pris d’entrée.
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Echos des Estagnots
Absents de marque
Au rayon des absents de marque, notons que Manu Portet, Boris Le Texier et Véronique Hayon (trois membres des équipes de France) n’étaient pas venus défendre leur titre.
Freestyle
Merci aux quatre « pros » du jet ski venus faire une exhibition freestyle aussi imprévue que ridicule sur le spot. Gênant considérablement les compétiteurs et mettant en danger leur sécurité…
Mondiaux ISA
Ces championnats de France sont qualificatifs pour les Mondiaux Masters ISA, lesquels devraient avoir lieu en fin d’année, normalement en Amérique latine, même si les Sud-Africains se sont positionnés depuis deux ans pour les organiser. Si l’ISA n’a pour l’heure pas confirmé leur tenue, il faut tout de même savoir que deux Masters, deux Grand Masters, deux Kahunas, un Grand Kahunas et une ondine Master sont concernés si d’aventure ces championnats ont bel et bien lieu cette année.
3e mi-temps
Fin de compétition à 19 heures puis troisième mi-temps chez Monette, où on a refait le monde. Parler vagues, un peu. Souvenirs, beaucoup…
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Les résultats des finales
Grand Kahunas (+ de 50 ans, né en 63 et avant)
1. Eric Graciet (Dauphins Biarrots) 12,00 pts
2. Paul Merceron (Santosha) 7,16 pts
3. Eric Bisbau (Btar) 5,43 pts
4. Michel Larronde (Marbela) 2,7 pts
Kahunas (+ de 45 ans, né en 68 et avant 62)
1. Bruno Laharrague (Anglet) 11,40 pts
2. François Liets (Lou Surfou) 10,00 pts
3. François Gouffrant (Aviron Bayonnais) 5,39 pts
4. Gilles Darqué (StGirons) 2,58 pts
Grand Masters (+ de 40 ans, né en 73 et avant 69)
1. Régis Blanchard (St Gilles Croix de Vie) 9,82 pts
2. Xabi Lafitte (Bidart) 9,43 pts
3. Olivier Salvaire (Mimizan) 8,72 pts
4. Thierry Vidal (Anglet) 7,86 pts
Masters (+ de 35 ans, né en 78 et avant 74)
1. Romain Farthouat (Salie) 6,33 pts
2. Daniel Billon (WSA) 4,96 pts
3. Anthony Guibert (St Gilles Croix de Vie) 3,83 pts
4. Greg Salaun (Minou) 2,26 pts
Senior men (+ de 28 ans, né en 1985 et avant 79)
1. Romain Laulhé (Anglet) 15,83 pts
2. Thomas Portet (Bidart) 12,03 pts
3. Glenn Le Toquin (FFS) 10,70 pts
4. Thomas Joncour (29Hood) 8,06 pts
Ondines Masters (+ de 35 ans, née en 78 et avant 74)
1. Nathalie Grison (FFS) 6,89 pts
2. Laurence Cabillic (Lou Surfou) 6,16 pts
3. Isabelle Froidefond (FFS) 2,83 pts
Partenaires de l’évènement
Colas, la Ville de Seignosse, la Macs, Conseil Général des Landes, Région Aquitaine
Partenaires de la Fédération Française de Surf
Turquoise Travel, Surf Session
Source www.surfingfrance.com // FFS